Eugénie et Clémentine, deux soeurs pour un mari

L'étonnante histoire de deux des filles de Jean ARNON et Madeleine PREVOST commence en 1895.

Eugénie ARNON, née le 30 Janvier 1872 à Mons, est employée de commerce. Le 24 Juin 1895, elle épouse un cordonnier de son âge, nommé Ernest BERNARD. Le mariage est célébré à Mons comme il se doit. 

Le couple s'installe à Verdille très rapidement. Quelques éléments nous permettent d'entrevoir des bribes de leur vie. Lors du recensement de 1896, nous apprenons qu'Ernest, emploie un ouvrier pour l'aider dans son atelier de cordonnerie. Cela laisse à penser que les affaires se portent plutôt bien car dans le cas contraire il n'aurait pas eu les moyens de l'employer et de l'héberger. De plus, en consultant les registres d'état civil des années suivantes, nous pouvons voir que notre cordonnier figure régulièrement dans les différents actes de la vie du village. Régulièrement, c'est à lui que l'on pense pour servir de témoin aux naissances et aux décès. Mais pourtant, son nom, ni celui Eugénie n'apparaissent pas en tant qu'acteurs principaux de ces moments. Le couple tarde à avoir un enfant.

Mais cela finit par arriver en 1899. Eugénie est enfin enceinte. Malheureusement cela tourne au drame. Le 19 Décembre, l'accouchement se passe mal. Une petite Irma voit le jour, mais Eugénie en ressort très affaiblie. Les jours qui passent ne lui permettent pas de se remettre, bien au contraire. Le 20 Janvier 1900, à 1 heure du matin, Eugénie s'éteint. Elle allait avoir 28 ans. La présence de son frère aîné Jean, pourtant domicilié à Champniers, distant de 35 km, lors de la déclaration de son décès en mairie quelques heures plus tard, nous permet d'imaginer que cette mort était attendue et que la fratrie s'est rassemblée autour d'Eugénie lors de ses derniers instants.

Dans cette fratrie, se trouve Clémentine. Elle est la plus âgée des filles ARNON. Née le 9 Avril 1862 à La Faye, elle vit à Mons et n'est toujours pas mariée en 1900. Le recensement de 1901 nous indique qu'elle vit au foyer d'Ernest et de sa fille Irma. On peut se demander comment la décision de confier Irma aux soins de sa tante a été prise. Une demande d'Ernest ? Une décision du conseil de famille ? Clémentine s'est-elle proposée ?

Toujours est-il que cette dernière va prendre une place grandissante au sein du foyer. Au point que le 30 Décembre 1903 Ernest et Clémentine se marient à Ranville-Breuillaud, le village d'origine d'Ernest, où la petite famille est venue s'installer - au village d'Orfeuille. Mariage d'amour ? Partage d'intérêts mutuels ? Nous ne le saurons jamais. Il ne faut pas oublier tout de même qu'un homme et une femme vivant sous le même toit sans être mariés devaient quand même attirer une certaine suspicion. 

La nouvelle famille, ne reste pas longtemps à Orfeuille (Ranville). Le registre des matricules de la classe 1892, à laquelle appartient Ernest BERNARD, nous apprend qu'il emménage à Villejuif (94) le 10 Août 1904 au 5 rue Dauphin. Clémentine et Irma paraissent l'avoir suivi dans ce périple en banlieue parisienne. Puis le 14 Octobre 1906, nous retrouvons Ernest au 3 rue d'Ivy (Ivry?) au Kremlin-Bicêtre (94).

C'est là qu'il décède le 12 Mai 1907 avant d'avoir 35 ans. A noter que l'un des témoins sur l'acte de décès de Ernest est un François ARNON, un cousin demeurant rue de la pompe à Villejuif.

J'ignore encore les derniers éléments de la vie de Clémentine et d'Irma. Toutefois, lors du recensement de 1911, Irma est domiciliée chez ses grands parents paternels à Ranville. Il n'y a pas de mention de la présence de Clémentine. 

Acte de mariage entre Eugénie ARNON et Ernest BERNARD