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Les Arnon au fil des siècles

300 ans d'histoire et de généalogie d'une famille de souche charentaise.

Constant ARNON, de Loubillé au bagne de Nouvelle Calédonie - 1ère partie

Publié le 4 Octobre 2017 par Stéphane Metayer in Arnon, Bouquet, 3A.P.E, Loubillé, Chives, Villemain, Couture d'Argenson, Ranville Breuillaud, Nouvelle Calédonie, Bresdon

Avant de rédiger cet article sur Constant ARNON, je me suis longuement interrogé sur la façon dont je devais m'y prendre. Les faits qui l'ont conduit au bagne de Nouvelle Calédonie sont graves. Alors je me suis demandé si je devais les décrire ou simplement les survoler. Et si je les raconte, sous quel angle le faire.

 

J'ai donc décidé de faire un article en 2 parties : la première sera constituée des mêmes éléments biographiques que pour les autres membres de la descendance ARNON. La seconde reviendra sur les affaires qui l'ont mené à cette condamnation aux travaux forcés. Je le ferai de façon neutre et aussi objective que possible, sans jugement de ma part car je ne suis pas juge, juste le passeur de cette histoire.

 

 

Constant ARNON est le second enfant du couple François ARNON et Françoise BOUQUET. Il voit le jour le 29 Mars 1861 à Loubillé (79) seulement deux mois et demi après le mariage de ses parents (pour en savoir un peu plus sur la relation entre ses parents, lire l'article à leur sujet).

Mais en Juillet 1863, Constant perd sa mère. Son père décide de quitter Loubillé pour s'installer à Ranville Breuillaud, au village d'Orfeuille, avec ses deux fils, localité où se trouve déjà quelques membres de la famille ARNON.

C'est dans cette commune que grandit Constant, élevé par Suzanne CALUREAUD, la seconde épouse de son père.

Constant devient scieur de long et perd son père en 1880. En 1882, nous le retrouvons domicilié à Bresdon (17), au village de la Fontenelle.

Scieurs de long autrefois

Scieurs de long autrefois

Le 20 Novembre 1882, Constant part effectuer son service militaire.

Ce passage sous les drapeaux nous permet d'en avoir une description physique : 

Cheveux bruns, yeux bruns également, front petit, visage ovale. Mais surtout il fait 1m70, ce qui est au dessus de la moyenne de l'époque et qui aura son importance plus tard.

Lors de l'instruction judiciaire nous apprendrons qu'il porte la moustache comme bon nombre des hommes de ce temps là.

Il est incorporé au 21e Régiment d'artillerie à Angoulême, puis le 1er Septembre 1883 il passe au 16e bataillon d'artillerie de forteresse, un nouveau régiment créé la même année et situé à Rueil (78) où il ne reste que trois semaines avant d'être libéré de ses obligations.

 

Pourquoi une période d'incorporation plus courte que ses semblables à cette époque? Sans doute parce que Constant est marié et père de famille. En effet, le 1er Avril 1882, il a épousé Marie Léona OLIVIER, une jeune cultivatrice de 18 ans, elle aussi domiciliée à Bresdon (au Breuil-Bastard). Le couple s'installera également dans ce hameau du Breuil-Bastard.

Lorsqu'il part effectuer son service militaire, son épouse, Marie Léona, est enceinte. Elle met au monde un petit garçon prénommé Léonidas, Constant le 17 Mars 1883.

 

Constant est donc libéré de ses obligations militaires le 23 septembre. Mais cette nouvelle vie de famille avec femme et enfant tourne court. Moins d'un mois plus tard, Marie Léona décède (le lundi 22 Octobre). Elle n'a que 19 ans. La raison de cette mort, je l'ignore. 

 

Six mois plus tard, le 8 avril 1884, Constant se remarie. Il peut paraître étonnant de voir un nouveau mariage aussi proche du décès de sa première femme mais il ne faut pas oublier que le petit Léonidas n'est qu'un bébé, et qu'il a besoin d'une "nourrice".

 

La nouvelle épouse de Constant ARNON se nomme Zélie DELECHELLE. Elle est domestique à Siecq (17) mais est née le 12 Novembre 1857 à Saint Fraigne (16). 

Elle est mère d'une petite Léontine, née sans père en 1879.

 

Le 25 Juillet 1885, cette nouvelle union est concrétisée par la naissance d'un enfant nommé Louis. Il voit le jour à Villemain (79). 

Cette nouvelle famille se déplace régulièrement en fonction du travail probablement. Ils s'installent à Couture d'Argenson (79) puis à Chives (17). Même si la zone géographique comprend 3 départements, elle reste limitée à un même secteur boisé, important et nécessaire pour la profession du père de famille.

 

Nous avons quelques détails sur la vie de ce couple par les interrogatoires menées lors de l'instruction. Zélie dans un premier temps parle d'une bonne entente dans le couple. Mais elle revient quelques temps plus tard sur sa déclaration et parle d'un mari brutal et menaçant. Elle lui reproche également de ne pas travailler assez régulièrement et le suspecte d'être infidèle, en particulier avec la mère d'un jeune garçon qu'il emploie l'occasion. D'autant plus qu'il disparaît tous les dimanches sans donner d'autres explications à son épouse que la recherche de travail pour les jours à venir. Interrogé, Constant ARNON nie toute brutalité envers son épouse, tout comme il nie être un mari volage et confirme que ses disparitions dominicales n'ont d'autre but que la recherche de labeur.

 

Même s'il ne jouit pas d'une bonne réputation dans les villages où il passe, Constant n'a pour seul antécédent qu'une condamnation pour "Chasse en période prohibée". Ce braconnage lui vaut une amende de 50 fr par le tribunal de Saint Jean d'Angély (17)

 

Cette histoire compliquée entre deux époux va prendre un tournant bien plus retentissant et grave durant l'été 1888. Le 22 Juillet, Constant ARNON est accusé de viol. Dans les jours qui suivent les charges de tentative de viol et d'attentat à la pudeur sur plusieurs femmes et sur Léontine, la fille de son épouse sont ajoutées, et couvrent une période s'étendant de 1886 à 1888. Comme je l'ai dit en préambule de cet article, je reviendrai plus longuement sur les faits dans une seconde partie

Arrêté, il est jugé et condamné le 16 Novembre 1888 par le tribunal de Saintes à 7 ans de travaux forcés. 

 

Transporté au bagne de l'Île Nou, en Nouvelle Calédonie, il ne résiste pas à ce régime carcéral des plus durs, où l'on dit que les gardiens ne valent pas mieux que les forçats eux même. Il meurt le 21 Octobre 1891 à 23h.

 

Zélie et les enfants partiront de Chives et iront s'installer à Fontaine-Chalendray (17) peu de temps après l'arrestation de Constant. Les garçons auront des destinées différentes comme nous le verront plus tard. Mais je n'ai pas encore trouvé d'informations sur la vie de la petite Léontine.

 

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